Ressources De L’oralite Dans Allah N’est Pas Oblige D’Ahmadou Kourouma Et Things Fall Apart De Chinua Achebe
Chapter One
LES OBJECTIFS DE L’ETUDE
Cette étude a pour but de voir comment les écrivains africains ont utilisé les ressources de l’oralité dans les œuvres en partant par l’exemple de Chinua Achebe dans Things Fall Apart à celui d’Ahmadou Kourouma dans Allah n’est pas obligé. Nous verrons le pourquoi de cet usage de l’oralité dans la littérature africaine. Est-ce que les écrivains africains s’adonnent aux ressources de l’oralité dans leurs œuvres dans le but de décoloniser la littérature africaine ?
Cette étude cherche à établir que par l’entremise des ressources de l’oralité, la littérature africaine décrit la culture de l’Afrique. Elle reflète la conscience culturelle
africaine. Finalement, nous avons comme objectif dans cette étude de montrer que la littérature orale africaine joue un grand rôle dans la création de la littérature africaine en général.
CHAPITRE DEUX –
ETAT PRESENT DES ETUDES SUR LE SUJET
INTRODUCTION
La littérature présente des avantages considérables ce qui fait un lieu privilégié d’exploration car les œuvres littéraires sont généralement un moyen de communiquer les pensées, les idées, la philosophie ou les messages d’un écrivain. Dans ce chapitre, nous voudrions examiner les idées pertinentes à notre sujet en évoquant les œuvres particulières. Nous aurons trois parties qui comprendront: les stratégies de décolonisation de la littérature en général, les aspects de l’oralité et Chinua Achebe, Ahmadou Kourouma et les œuvres de base.
LES STRATEGIES DE DECOLONISATION DE LA LITTERATURE ENGENERAL
La littérature moderne d’Afrique noire se situe au confluent de divers courants: ses propres traditions locales et diverses; l’impact des mondes islamiques et arabes; l’influence omniprésente du colonialisme européen et du christianisme. Les Africains se sont montrés particulièrement prolifiques depuis la Seconde Guerre Mondiale; utilisant le français, l’anglais, le portugais et plus de quarante langues africaines; ils ont composé de la poésie, du roman, du théâtre et le cinéma, et inventé des formes d’écriture pour lesquelles il n’existe pas de descriptif dans le monde littéraire européen. Leurs œuvres dressent le portrait de la réalité et s’attachent aux systèmes de valeurs. Dans le même temps, leurs écrits sont fondés sur les traditions indigènes et des visions du monde typiquement africaines.
La première génération d’écrivains africains de langue française, s’adressait autant, sinon plus aux lecteurs européens qu’à leurs compatriotes. Leurs textes, après les indépendances, ont été popularisés par les collections de poche et maisons d’édition. Ils sont devenus les classiques de la nouvelle culture africaine et ont enfin trouvé leur public
africain. Des maisons d’édition africaines se sont créées et il est arrivé que des livres réalisés et diffusés en Afrique deviennent de grands succès. La production littéraire s’est considérablement augmentée dans les années d’avant et d’après l’indépendance.
L’africanisation de ces littératures se manifeste par de nombreux traits: la naissance des romans critiques, Yambo Ouologuem, Le devoir de violence (1968) et Ahmadou Kourouma, Les soleils des indépendances (1968). C’est aussi le développement d’une littérature de prise de conscience sociale, invitant les lecteurs à réfléchir sur les conditions de la vie de tous les jours.1
Parlant d’autres instruments de la décolonisation, Adekanmi Onidare dit dans son article, “Translation As An Instrument of Decolonisation”:
Initially, the colonized people were not able to share their experience of colonial situation because of the language barrier that compartmentalized them into Anglophones, Francophones (…). Translation has broken this barrier (…). The translation of Fanon’s Les Damnés de la Terre into English (…) propagated violence as a means of decolonization among the Anglophone African also.2
Adekanmi a également noté l’unité comme instrument de décolonisation – Unity as Nkrumah’s method of decolonisation; “These Francophone Africans would not have gotten the message of his addresses without translation.”3 Nous ne pouvons pas éviter la tentation d’ajouter ici le titre du roman, Africa Must Unite – publié en 1963 par Kwame Nkrumah, qui a été traduit sous lettrage, L’Afrique doit s’unir en 1964.
Parlant des langues, peut-on dire que la littérature américaine est réductible à la littérature anglaise? Que la littérature brésilienne fait partie de la littérature portugaise? Et si l’on considère des auteurs comme l’ivoirien, Ahmadou Kourouma, le Camerounais, François Eyembe, le Malien, A. Hampate Bâ, si l’on considère de près la langue qu’ils utilisent, on constate que pratiquement ils traduisent le malinké, l’ewondo, le peul en français. Monsieur Dailly a montré quelques textes à l’appui, combien Les soleils des indépendances sont truffés d’expression typiquement malinké. Est-il possible de qualifier Kourouma d’écrivain français? Y a-t-il moyen de l’intégrer dans une quelconque période de l’histoire littéraire française?4 Evidemment, Kourouma ne se décrit pas comme écrivain français puisqu’il se sert de la langue française comme médium de créativité littéraire. Il ne s’agit plus de code standard mais du français malinkénisé ou décolonisé. Le problème posé ici date de longtemps, le problème de l’utilisation de la langue comme seul critère pour juger et classer une œuvre littéraire. Onyemelukwe qui comme certains autres critiques tel que Chinweizu et. al. revendique l’emploi d’une combinaison de critères – la langue nationale et la langue culturelle entre autres expose les dangers qui en découlent:
CHAPITRE TROIS –
LA METHODOLOGIE
INTRODUCTION
La méthodologie de la recherche expérimentale est un ensemble de méthodes et modes de raisonnement destinés à tout expérimentateur désirant faire de la planification expérimentale.1 Elle a pour objet de lui permettre d’optimiser l’efficacité de sa recherche expérimentale quelle que soit sa branche d’activité. Pour ce fait, elle va l’aider à exprimer au mieux son problème et lui proposer des stratégies expérimentales (enchaînements de plans d’expérience dans le temps) optimales en fonction des objectifs qu’il s’est fixé et des moyens dont il dispose.
En 1997, le groupe canadien de recherche interdisciplinaire sur les méthodes qualitatives publie un «état des lieux de la recherche qualitative». Il ressort de ce travail que l’opposition qualitatif / quantitatif est aujourd’hui largement remise en question au profit d’un continuum methodologie2 ou encore d’une conception générale de la méthodologie en sciences humaines.3 Méthodologie implique l’ensemble des méthodes appliquées à un domaine particulier de la science, de la recherche.4
Selon Grand Larousse de la langue française, la méthodologie est l’”Ensemble des règles adoptées dans la conduite d’un ouvrage.”5 Les objectifs peuvent être:
- d’explorer un domaine expérimentalinconnu (recherche exploratoire dans le domaine de variation d’un ensemble de facteurs), d’isoler les facteurs influents (criblage).
- d’élaborer des modèles descriptifs ou prévisionnelsdes phénomènes étudiés (étude quantitative des facteurs, étude quantitative des réponses).
- d’effectuer des optimisations, de mettre au point des formulations avec ou sans contraintes (mélange).
- d’améliorer la qualité de produits…6
Nous avons plusieurs genres de méthodologie. Nous verrons ici, par exemple, l’approche historique, l’approche stylistique, l’approche thématique et l’approche sociologique.
CHAPITRE QUATRE –
QUELQUES ELEMENTS DE L’ORALITE DANS LES
OEUVRES DE BASE
INTRODUCTION
Le genre romanesque est aperçu dans sa conception comme un genre importé en Afrique. Faisant partie de la catégorie de la littérature écrite, le genre romanesque apporte donc une nouvelle dimension au corpus « classique » de la littérature africaine traditionnelle.1
Avant que l’Afrique n’ait connu l’alphabet moderne, c’était par la voie orale que la littérature se manifestait. L’Afrique était alors accusée de ne pas avoir de “littérature” avant l’arrivée des Blancs. Pour l’Afrique, ceux qui connaissent la “littérature” avaient pu affirmer l’exactitude de cette position soutenant avec de preuves concrètes que le mot “littérature” fait référence à tout. Selon Omidire, la littérature se réfère aux: “Creative texts that appeal to our imagination or to our emotions in form of stories, play and poems …”2
CHAPITRE CINQ –
L’USAGE ET LA FREQUENCE DES PROVERBES DANS LES OEUVRES DE BASE
INTRODUCTION
Ahmadou Kourouma, l’un des plus célèbres romanciers africains, et notamment l’auteur de notre roman de base, Allah n’est pas obligé dit: “Les proverbes africains constituent un moyen efficace d’exprimer le réel, en le transcendant.”1 Achebe, tout comme Kourouma, se sert des proverbes et du suspense en respectant surtout la clarté, dans l’humour, le sarcasme et la satire. Ceci devient alors facteurs d’intérêt pour le lecteur même peu intéressé. Qu’est-ce que c’est qu’un proverbe dans le contexte achebien et kouroumien? Pour eux, c’est tout ce qui s’exprime autrement et qui rend la parole plus colorée. Ainsi, Achebe et Kourouma sont bien conscients de l’efficacité des proverbes.
Ainsi, dans la réflexion qui suivra cette affirmation, nous allons étudier l’usage et la fréquence des proverbes dans Allah n’est pas obligé et Things Fall Apart, afin de voir lequel entre les deux écrivains l’emporte sur l’autre et la fonction qu’assignent l’un et l’autre aux proverbes qu’ils utilisent dans leurs œuvres. Mais, au cours de notre analyse, il suffirait de demander pourquoi les deux écrivains ont un grand penchant pour l’emploi des proverbes entre autres ressources de l’oralité.
LES PROVERBES
Le proverbe est parmi les moyens d’expression les plus caractéristiques de l’évolution de l’oralité. Ce qui constitue un élément d’originalité dans ces emplois c’est aussi bien l’univers référentiel que les éléments de l’oralité qui sont typiquement africains.2 Il est évident qu’un grand temps a été consacré aux ressources de l’oralité dans les travaux des romanciers comme l’a noté Echenim. Néanmoins, l’esquisse ne
serait pas apte si une grande espace ne s’accorde pas aux proverbes, ceux-ci étant les ressources les plus prépondérantes chez Achebe et Kourouma dans les deux textes sélectionnés pour cette étude.
Roland Colin décrit, par exemple, le proverbe comme, “le miroir immobile d’un lac où l’on peut lire le reflet de telle face de la sagesse.”3 Il n’est donc pas étonnant que les écrivains exploitent ces qualités exceptionnelles du discours oral pour traduire non seulement la continuité dans le passage de l’oralité à l’écriture, mais aussi pour exprimer la primauté de la sagesse ancestrale. Le dictionnaire universel définit le mot “proverbe” comme, “une formule figée, souvent métaphorique, exprimant une vérité d’expérience, un conseil et connu de tout un groupe social.”4 D’après Onyemelukwe:
Le mot “proverbe” est dérivé du mot latin “proverbium”. Les deux éléments “pro et “verbium” signifient respectivement “pour et mot”. Dans cette optique, le mot proverbe est un substitut pour ce qui s’exprime autrement en mots simples. 5
Ruth Finnegan dit,
Among the Ibo, for instance, proverbs fulfill this aim incidentally even though the explicit occasion is that of a dance. As the masked dancer progresses, he has proverbs (…) called out before him, 6
Finnegan définit proverbe aussi en ces mots: “proverbs are a rich source of imaginary and succinct expression on which more elaborate forms can draw.”7 Things Fall Apart est un roman écrit en anglais et truffés de proverbes africains : “Chez les Ibos, l’art de la conversation jouit d’une grande considération, et les proverbes sont l’huile de palme qui fait passer les mots avec les idées.”8
CONCLUSION
Ce travail a pu mettre en exergue les ressources d e l’oralité privilégiée s par Achebe et Kourouma dans leurs œuvres, Things Fall Apart et Allah n’est pas obligé . Dans l’ ensemble, notre recherche nous a conduit à apprécier le fait que l’usage des ressource s de l ’oralité est un véhicule qui transmet la culture, la tradition, les valeurs, les mœurs, les normes et les idéologies des interlocuteurs dans un monde fictionnel qui reflète celui des groupes ethniques comme les Igbo et les M alinké.
Cette étude s’interroge sur la possibilité de retrouver le sens perdu, de redonner force aux valeurs anciennes. Pour un bon nombre d’auteurs, le développement de cette littérature est, en effet, inséparable de la promotion des langues africaines. L’étude a aussi révélé que l es auteur s qui se servent des proverbes adopte nt une certaine stratégie qui les met en communion étroite avec les locaux qui constituent leur public. Chaque écrivain, aussi compétent, célèbre qu’Achebe et Kourouma, sait que son habileté dans l’emploi des ressources d e l ’oralité comme la chanson, les contes, les danses et le proverbe l’aide à embellir son style. Nous avons essayé de montrer que les écrivains af ricains sont capables, ils ont du talent et ils ont leurs contributions à faire pour améliorer l’image de l’ homme africain et particuli èrement la littérature africaine . Ce travail a m is l’accent sur cet esprit de corps qui doit régner pour que la lutte con tre la colonisation qui continue sous d’autres formes même après les maîtres coloniaux ont longtemps quitté le sol d’Afrique soit effica ce.
Encore , nous avons pu établir l’emploi et la fonction des ressources d e l ’oralité, tout en faisant ressortir : les différences de la préférence chez les
deux auteurs. Alors que les chants et le tambour sont privilégiés par Achebe, Kourouma préfère les dictons proverbialisés .
On se demandera encore une fois les raisons pour lesquelles Kourouma et Achebe s’adonnent à l’usage des proverbes et d’autres ressources d e l ’oralité. Nous n’hésiterons pas d’avancer les mêmes raisons que nous avons données: donner des leçons moralisatrices, effets esthétiques, créer leur style origin al, donner la couleur africaine à leur écri ture pour plaire de prim e abord, à leur public africain ceci comme moyen d’africaniser ou de décoloniser la littérature africain e.
Le travail a pu établir pourquoi le penchant des deux écrivains pour les ressources d e l ’oralité . On voit que la présence de s ressources d e l’oralité dans les textes de base permettent aux auteurs d’établir la continuité et non
la rupture entre la littérature orale et la littérature écrite, la transition de l’oralité à l’écriture. Ce qui est à retenir c’est que ces deux auteurs emploient les ressources d e l’oralité entre autres comme moyen de décoloniser la littérature africaine. Autrement dit, la prépondérance des ressources d e l ’oralité est logique chez les auteurs des textes de base qui y voient un hommage au passé et à ses valeurs. Les données de cette recherche faciliteront la compréhension de ces deux textes pour les lecteurs enthousiastes et pour les futurs chercheurs. Il est à retenir que les constats
de cette étude constituent, sans doute, une petit e contribution au mond e du savoir.
BIBLIOGRAPHIE
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