Mongo Beti Et La Lutte Comme Moyen De Rectification Du Mal Dans La Societe
Chapitre Un
Objectifs du Travail
Cette étude va poursuivre les objectifs suivants. :
- Enlever et souligner un aspect de l’idéologie de Mongo Beti qui jusqu’ici n’est pas encore bien révélé par des critiques.
- Evoquer chez les lecteurs le besoin d’apprécier le rôle que la littérature peut jouer au développement national.
- Donner aux lecteurs une occasion magnifique d’explorer et réfléchir sur ce que Beti identifie comme le mal et les approches pour la rectification.
- Faciliter la compréhension du rôle de Mongo Beti comme romancier réputé de l’Afrique francophone.
- Evaluer l’efficacité de la lutte comme moyen de rectification du mal dans la société romanesque de Mongo Beti.
- Présenter une étude qui peut servir comme base et référence des autres expositions sur d’autres thèmes littéraires.
CHAPITRE DEUX
REVUE LITTERAIRE/ L’ETAT ACTUEL DE LA RECHERCHE
Il existe toujours une réalité entre la littérature et l’histoire, ainsi qu’entre l’écrivain et la société. Pour mieux comprendre la production littéraire chez Mongo Beti, il nous faut la lier un peu à l’histoire. Cet aperçu historique va mettre au fond ce qui aurait influencé la production littéraire francophone surtout chez Beti.Nous présentons dans ce chapitre les concepts de la littérature et du roman. Nous exploitons aussi des études déjà faites sur notre écrivain Beti, et sur ses œuvres.
L’homme Beti et sa Pensée littéraire
Bien que Mongo Beti ne vive pas au Cameroun, il s’intéresse beaucoup de la condition socio économique et politique de ses concitoyens camerounais. Ainsi la production littéraire chez lui, est marquée par un appel aux changements positifs. Il faut tenir compte que dès petit, Mongo Beti avait déjà un répertoire, grâce à sa mère qui, malgré elle, lui donnait des activités de création et de loisir, pour qu’il soit très attentif.. Il était bon narrateur d’histoire et lorsqu’il parle, personne ne peut l’interrompre sauf quand il tourne le dos. Cet avis est soutenu par Whiteman Kaye (2001), qui prétend l’avoir vu parler ainsi sans cesse. Voici ses mots exacts: ‘’ I last saw him at an international literary conference in Dakar ….talking non stop in a bar of the Hotel Oasis’’ www.guardian.co.uknews2001/oct/25 ” Je l’ai vu parler sans cesse dans un bar de l’Hôtel Oasis à Dakar pendant une conférence littéraire internationale’’ (Notre traduction).
Déjà passionné tant de l’histoire et la littérature, Beti avait commencé la vocation d’écrivain très tôt à l’âge de vingt ans, avec l’écriture et la publication des tracts et des essais. Le premier à apparaître fut Sans Haine et sans Amour publié dans la revue Présence Africaine en 1953 et dirigée par Alioune Diop. Et puis il fait apparaître Les Etudiants Noirs Parlent d’où il fait une critique de la façon idéaliste de L’Enfant noir de Camara Laye. Pour lui, l’écrivain a l’obligation d’adresser les questions sociales du jour ; ainsi Laye devrait mieux s’occuper de choses qui gênent le bien-être de l’homme noir pendant la colonisation; les choses comme l’émancipation de l‘homme noir et la revalorisation de sa dignité, et non pas de choses superflues qui cacheraient les problèmes réels de la vie du colonisé. Comme observateur attentif et critique farouche des manœuvres des élites dirigeants en Afrique qui, selon Eben(2011), laisse toujours beaucoup à désirer, Beti souhaite transformer sa passion vers son peuple ainsi consacre sa vie à la vérité. Il devient alors comme Stendhal, l’animateur duquel, lire son roman, c’est prendre fait de douleurs et souffrance des autres.
Il poursuit la vision de rectification sous le pseudonyme d’Eza Boto, dans son premier roman Ville Cruelle, publié aux Editions Présence Africaine en 1954. En 1956, la parution du roman Le Pauvre Christ de Bomba fait scandale par sa description satirique du monde missionnaire et colonial. Ensuite en 1957, paraissait Mission Terminée qui a reçu le prix Saint Beuve en 1958. Le Roi Miraculé fit son entrée au monde littéraire en 1958. Ces trois derniers romans sont traduits en anglais, russe et d’autres langues, chose qui donne à notre auteur, une réputation internationale durable. Après cette dernière publication, il tient une période de silence provisoire.
Après sa phase anticoloniale des années 1950, Mongo Beti commence à élaborer l’image qu’il se fait de l’Afrique indépendante avec l’écriture. Il veut construire un monde caractérisé par l’égalité, la fraternité et la paix qui engendrera le développement du pays. Dès les années 1970, il se transforme en militant contre le néocolonialisme par des dirigeants politiques africains. Comme Jean Paul Sartre, il se met à l’engagement et prétend ne pas se mêler dans des choses d’esthétiques romanesques.
En 1972, il publie son livre, Main Basse sur le Cameroun dans Edition François Maspero, Ce livre marque un tournant fondamental dans la carrière littéraire de Mongo Beti. C’est un discours écrit contre les crimes du président Ahidjo, dictateur du Cameroun, par la grâce du néocolonialisme français. Main Basse sur le Cameroun montre une dénonciation acerbe et directe de la dictature. Le livre focalise sur le procès d’Ouande Ndongmo et Beti dénonce ouvertement la dictature camerounaise et ses complicités françaises. Malheureusement, le livre fut interdit, saisit et l’éditeur poursuivi. C’est ainsi que le but de Mongo Beti fut largement éteint.
CHAPITRE TROIS
MONGO BETI ET SA CREATION LITTERAIRE DANS L’ERE COLONIALE
Introduction
La création littéraire chez Beti ici implique une analyse des romans écrits par Mongo Beti dans l’ère coloniale pour identifier ce que Mongo Beti considère comme le mal dans sa société romanesque et puis montre sa lutte comme moyen efficace de rectification
L’œuvre littéraire souligne la portée sociologique et l’actualité d’une vision qui embrasse tous les problèmes majeurs de la société. Chez Mongo Beti, il s’agit de présenter la vie réelle de la société et solliciter un changement positif pour la masse souffrante. Dès sa première publication de Sans Haine sans Amour, en 1953, et au cours de ses cinquante ans d’écriture, Beti, dénonce sans relâche, et ne cesse pas de fustiger les forces de répression contre l’émancipation du peuple africain. Cette révolte sans complaisance a été menée, non seulement contre le système colonial mais aussi contre les pouvoirs autocratiques post- coloniaux comme nous relève a travers les romans de choix dans les quels Beti emploie la lutte comme moyen de rectification du mal dans la société. Pour mieux nous guider à réaliser l’objet de notre étude, nous allons catégoriser les romans de choix dans deux périodes principales et selon des phénomènes historiques et politique et dans lesquels l’écrivain a eu le privilège de vivre vis: les romans de l’ère coloniale, et ceux de l’ère post – coloniale.
CHAPITRE QAUTRE
BETI ET SA CREATION LITTERAIRE DE L’ERE POST-COLONIALE
Introduction
L’ascension à l’indépendance des pays africains et la mise en place de nouvelles structures politiques impliquent une modification de la vision du monde. Par conséquent, l’univers littéraire des années soixante, et soixante-dix au Cameroun en particulier et en Afrique en général, était une écriture au style réaliste très engagé. Cela permet à scruter l’histoire et narrer la naissance de la politique des états nés de l’indépendance. Pour Beti, l’on doit passer par la critique extérieur à une critique interne. C’est-à-dire, l’on essaie de laisser tomber la critique du colonisateur étranger pour critiquer des élites indigènes mises en place pour diriger les affaires du pays. Beti montre à travers ses romans, l’échec politique des états nés de l’indépendance où l’administration mise en place cherche à perpétrer la marginalisation et l’exploitation des pauvres ; – une situation pire que la colonisation même. Voilà ce qui constitue, pour Beti le Mal dans la société.
CHAPITRE CINQ
SYNTHESE ET CONCLUSION
Introduction
Ce chapitre consiste d’une synthèse et la conclusion. La synthèse est faite par un rassemblement de la réalité socio économique, culturelle et politique perçue à travers les romans de choix des deux époques et la prise de position de Beti vis-à-vis le processus de la rectification du mal dans la société romanesque. Par la synthèse faite nous identifions ce que Beti considère comme le mal et puis, nous évaluons l’efficacité de la lutte comme moyen de rectification dans les romans des deux périodes Le succès de Beti en présentant la lutte comme moyen de rectification du mal dans la société est déterminé en présentant les points de convergences de l’idéologie de Beti dans les deux époques de référence. Cela va nous aider à évaluer l’efficacité de la lutte comme moyen de rectification dans son monde romanesque de Mongo Beti. Nous ferons un assemblement de la conséquence de chaque présentation de lutte à travers les romans étudiés pour vérifier si la lutte peut être adoptée dans la société contemporaine.
Synthèse
Au cours d’une étude exhaustive des romans de choix, nous remarquons que certains phénomènes socio économiques et politiques empêchent le bien – être de l’homme dans la société où il vit. Nous identifions chez Mongo Beti que, les vices comme l’exploitation, la violation du droit de l’homme et les valeurs culturelle, l’hypocrisie été mensonge, l’injustice, la corruption, la mauvaise gestion des affaires de l’état, le gaspillage, empêchent la paix et le développement des pays Africains et constitue le mal chez Mongo Beti
Malheureusement ce phénomène du mal reste encore inchangé et inchangeable même avec les indépendances dans la société contemporaine. Par conséquent, les pays Africaines, bien qu’indépendants, restent dans un état douloureux avec la crise socio économique et politique qui se manifeste dans l’insécurité, le chômage, le meurtre, l’adhésion au pouvoir, la guerre, l’abus en toute formes et tous autres maux qui ont atteint un niveau inestimable et scandaleux. La masse soufrent de ‘inattention gouvernementale et meurent de faim tandis que les dirigeants gaspillent les ressource du pays et nagent dans le luxe. Beti le révèle dans ses romans de l’ère postcoloniale.
Beti déteste cette situation et montre son dégoût dans tous les romans étudiés. Il souhaite, comme Karl Marx, un changement social qui mettra tous les hommes dans un milieu social agréable. Il souhaite une société où la masse participe à la gouvernance jouit de son travail dur et des ressources du pays. Voici pourquoi la pensée littéraire chez Beti est axée sur la lutte, tant idéologique que physique, comme moyen le plus efficace de parvenir à la rectification des maux qu’il perçoit dans la société où évoluent les personnages romanesques.
En effet, Beti sollicite la résignation à tout mal qui se présente comme un défi et un obstacle au développement heureux de la société. C’est en ceci qu’on voit Mongo Beti comme un écrivain révolutionnaire dont sa vision se révèle dans le texte qui suit. :
Suivez jusqu’à l’an 2000 et alors un monde merveilleux s’ouvrira devant vous. Des cites vastes et prospères vous attendent. J’aperçois au loin des monuments qu’on érige à la gloire de nos héros, des champs ouverts de moisson a l’infini, des peuples fiers, foulant gaiement et sans entrave le sol des ancêtres. (HF p205)
Mongo Beti, ainsi que nous avec le même sentiment, rêve d’une Afrique merveilleuse où tout le monde, y inclus le moins privilégié, jouit du bien de la société. Un rêve d’une société où la masse reste libre et content d’y demeurer. Pour notre bon homme, un tel rêve ne se réalise que d’abord dans la mentalité et puis par une pensée politique qui mettra en place, des leaders capables d’effectuer le changement désiré. Cela implique une prise de conscience de son droit chez la masse opprimée et une forte détermination de lutter contre la méprise qui empêche la réalisation de son bien-être. C’est dans cette perspective qu’on peut comprendre pourquoi les romans de Beti que nous étudions se basent sur le problème du mal dans la société et le moyen de rectification.
Il nous convient maintenant de relier les présentations des phénomènes relevés dans le monde romanesque betiens et ceux qui s’obtiennent dans Afrique actuelle pour vérifier si l’approche de notre écrivain peut être adoptée pour évoquer un changement positif dans notre société contemporaine.
Points de Convergence dans les romans de l’ère coloniale et post coloniale
Ici, nous allons enlever les points de convergences entre les romans de l’ère coloniale et post coloniale a travers les niveaux suivants : Identification du mal, efficacité de la lutte comme moyen de rectification, choix de personnage, choix de thème de voyage
Le mal et l’efficacité de la lutte comme moyen de Rectification,
Dans les romans de l’ère coloniale Beti identifie les suivants comme le mal qui empêche le bien-être des citoyens; l’exploitation en forme de la brutalité, travail forcé, l’extorsion des biens des moins privilégiés, la violation du droit et la privation des valeurs culturelles, l’hypocrisie et le mensonge.
Dans les romans de l’ère après l’indépendance, nous identifions l‘injustice en forme de travail forcé, la corruption, le gaspillage et la mal administration. Ces vices constituent le mal qui relâche le développement du pays. La réaction de Beti face aux maux qu’il identifie montre son idéologie que nous poursuivons dans cette étude. Nous remarquons que dans les romans des deux époques Beti exprime son dégoût et lutte contre manifestation du mal.
L’on remarque bien la tendance de la lutte chez Beti dès qu’il arrive une tentative de contrarier les valeurs et le droit des personnages à travers les romans étudiés. Les opprimés réagissent avec véhémence et la conséquence le plus souvent, se termine par leur victoire comme atteste la parole de Melone (1969) qui suit :
Le combat entre le plus puissant, le plus prestigieux, le plus civilise d’une part le plus et faible. Le plus
obscure et le plus sauvage de l’autre part se termine par la victoire des petits gens…
(p.21).
Ce que dit Melone ici se manifeste dans tous les romans étudiés. En examinant la stratégie et l’approche employé par notre auteur pour atteindre son but de changement positif, nous remarquons avec satisfaction que, la plupart des luttes entreprises par des personnages opprimés dans les romans betiens se terminent dans la victoire des opprimes. Par exemple, dans Le Pauvre Christ de Bomba, pour bien garder sa culture, le chef d’Evidi s’enrage contre le RPS qui empêche la danse des paysans. Ce RPS n’a pas pu exécuter son projet car l’administrateur lui a donné l’avertissement de laisser tranquille les paysans puisqu’il s’agit des païens et non pas des chrétiens. Le RPS n’a pas même pu réprimander Zacharie, son boy qui refuse de l’obéir à son ordre mais préfère de siffloter l’aire de la danse et de lui conseil de laisser tranquille les danseurs puisqu’il ne s’agit pas des chrétiens (LPCB p. 90).
Le Père Drumont de sa part, au cours de sa tournée, prend conscience que sa religion provoque une déception chez les Noirs. Il découvre que même au cœur de la mission, les gens font le contraire de ce qu’il prêche. Ainsi il décide de retourner en Europe.
Beti montre la victoire des lutteurs dans Le Roi Miraculé lorsque, par la réaction des parents des femmes répudiées et le conséquent avertissement au missionnaire Le Guen, les femmes répudiées sont revenues prendre leurs foyers. L’administrateur est touché par la conséquence de cette lutte. Il voit raison avec les opprimés noirs et déclare sa prise de position vis-à-vis les paysans ‘’…Je les trouve très bien tel qu’ils sont’ (RM p. 238). Cela indique un changement positif de la condition des femmes ainsi que la condition des habitants du pays.
L’on remarque bien que Jean Marie Medza dans Mission Terminée , part pour la mission à Kala sans la permission de son père sévère. Apres avoir recueillit la ‘’connaissance’ de liberté, il lutte contre son père, prend une décision extrême et épouse Edima, et quitte pour la ville. C’est alors grâce à cette lutte qu’il a pu épanouir de la surveillance stricte de son père.
La lutte mené par Banda et Koume bien que ce dernier s’est noyé dans la rivière avait bénéficié Banda parce que c’est par cette lutte qu’il actualise son rêve – rencontre sa femme Odile et décide de s’installer en ville.
Dans les romans de l’ère post coloniale nous remarquons la même tendance. Essola lutte contre l’injustice infligée à sa feue sœur et tue son frère, qu’il juge coupable dans Perpétue, Nous remarquons avec perplexité que, l’action d’Essola qui aurait mérité une punition, attire au contraire, l’applaudissement et l’admiration de l’autorité représentée par Nobert qui le trouve comme un zélé patriotique qui mérite même une bonne récompense. Il le félicite et lui promet l’aide avec ces mots;
…je vais mettre votre laisser passer en règle tout de suite….Vous êtes déjà une personnalité importante du parti unique, et peut être un futur dirigeant du pays. Je dirai dans mon rapport que votre zèle patriotique n’a cesse de se heurter a la malveillance d’un frère plus âgé ….qui prenait plaisir a vous mettre les bâtons dans les roues partout ou vous alliez exposer aux braves le sens et l’utilité de l’action du parti unique de gouvernement. (pp.296-297)
L’action de Nobert affirme le fait que le changement désiré dans la société opprimée est bien possible, pourvu que les opprimes soient conscients de leurs droits et soient prêtes à lutter contre les oppresseurs.
Dans Remember Ruben les paysans du pays d’Ekoumdoum, empêchent l’autorité représentée par M Albert de mettre les marques aux endroits désignés pour porter des bornes. Par leur action, ils ont réussit de garder leur terre (RR p.197). On note aussi la lutte menée par les jeunes contre l’arrestation des habitants de Kola Kola. C’est par cette lutte qu’ils ont pu enlever leur leader, Ruben, hors de la prison (p. 282)
Dans La Ruine Presque Cocasse…. les adolescentes défient tous obstacles pour assurer l’achat de médicament pour les enfants qui mouraient de l’épidémie. (LRPC p.343). Elles vont jusqu’à tuer l’homme mis par l’autorité pour les surveiller. C’est grâce à a la lutte menée par les femmes d’Ekoundoum et la conséquente ‘’grande confession ‘’ (dialogue) que la paix et la tranquillité sont revenues au pays.
Beti ne se fatigue pas de montrer sa prise de position de lutte comme moyen de rectification. Dans L’Histoire du Fou, nous remarquons que la lutte ardente menée par Narcisse et l’avocat avait facilité la libération du patriarche hors de la prison. Pour Beti alors ‘’la paix n’est plus le silence des canons et toute lutte pour la justice est pour la liberté’’. ( Artisans.org’11/ text httm . Nous attestons cette parole à travers la réaction de Banda dans Ville Cruelle, qui se bat avec les quatre gardes parce qu’il ne voit pas la justification de l’action du contrôleur grec qui veut s’enrichir sur le produit de son travail dur. Koume, aussi, fâché contre le traitement de son patron qui refuse de payer son salaire, le tue et s’enfuit avec l’argent.
La réaction de ces personnages dans les romans de choix est un fort révélateur à tous qui, dès lors se croient ‘’petit hommes’’ et se laissent piétiner, de réaliser qu’ils peuvent, eux-mêmes, effectuer un changement positif de leurs sorts. Pour ceux qui croient à la suprématie de quelques uns et à l’infériorité des autres dans la société, il faut se conscientiser de respecter du droit de l’égalité pour tous. Il faut une reconnaissance mutuelle entre les différentes classes sociales pour que la rectification du mal envisagée dans la société soit concrète.
Par la synthèse ici présentée nous soutenons la thèse, notre proposition, que la pensée politique de Mongo Beti, telle que perçue dans ses romans que nous avons étudiés, est que la lutte constitue un moyen indispensable de réaliser la rectification révolutionnaire du mal dans la société. Donc, l’homme souffrant betien ne doit pas croiser les bras devant les maux qui le menacent, il ne doit pas s’y résigner car ce faisant, il aide à perpétuer les vices et l’oppression. Il doit prendre recours à la lutte physique si ses autres efforts ne parviennent pas à mettre fin aux maux qui l’empêchent de recréer une société où tous se sentent heureux de vivre.
Choix de Personnage
Une autre technique langagière qui nous intéresse chez Beti est le choix des personnages. Il faut signaler ici que, par cette technique, nous entendons la force et le portrait physique et social des héros qui va nous permettre à situer leurs rôles dans les romans. Nous retrouvons chez Beti, une manière de présenter ses héros, qui relèvent des caractéristiques visant à accomplir sa mission de la lutte comme moyen de rectification. Le choix de personnages détermine la qualité des héros ainsi Beti choisit des personnages énergiques avec la force extraordinaire pour jouer les rôles majeurs dans les romans des deux époques.
Par exemple, les adolescents comme Banda et Koume dans Ville Cruelle, Zacharie dans Le Pauvre Christ de Bomba, Gustave, Kris, le chef Essomba Mendouga, et Makrita dans Le Roi Miraculé, Medza dans Mission Terminée, dans les romans de l’ère coloniale par leur portrait physique et sociale jouent les rôles magnifiques par lesquels Beti peut montrer son idéologie de la lutte comme moyen efficace de rectification du mal dans la société.
Dans les romans de l’ère post coloniale, Abena et Mor Zamba dans Remember Ruben, Abena, Perpétue, et Essola dans Perpétue…., Jo le Jongeur, Evariste, Yohannnes, Ngwame Eligui dans La Ruine Presque Cocasse, Naccise et L’Avocat et le patriarche dans Histoire du Fou. Sont des personnages qui paraient dans les romans de après l’indépendance Ces personnages forts et courageux sont capables de se tirer des situations difficiles dans lesquelles ils se trouvent.
Banda dans VC, travaille fort pour planifier de son avenir. Il lutte avec véhémence contre (l’obstacle), le contrôleur, qui veut le tricher et par la suite éteindre son rêve. Medza dans MT, bien que citadin, accepte avec cœur léger la mission à Kala. Il se trouve tout à fait intégré dans la vie quotidienne villageoise grâce à laquelle il acquiert des connaissances nécessaire pour le changement désiré- la liberté. Mor Zamba, enfant errant dans RR et puis LRPC se montre fort pour effectuer le changement dans le pays Ekoundoum. Avec Abena, ils se font complémentaires, l’un cherchant l’autre dans son absence.
Perpétue dans PP montre de grandes qualités intellectuelles dans l’école. Elle à l’ambition être médecin et sa distinction éclatait même dans les actes ordinaires. Bien que cette ambition soit éteinte à cause de sa mère qui préfère pour elle un mariage précoce, elle se montre forte et surmonte le mauvais traitement de son mari jusqu’à sa mort en couche du troisième enfant. Essola son frère, se montre fort pour venger sa mort. Nous sommes reconnaissants aussi du rôle que joue Ngwame Eligui dans la restitution de la paix à Ekoundoum. Zacharie et Denis dans LPCB se montrent aussi forts que les héros des autres romans.
Il faut signaler ici que Beti se sert de gens de tout âge pour réaliser sa mission de lutte. A part les jeunes adolescents, Beti emploie aussi des vieillards pour jouer des rôles importants. Par exemple, le Patriarche dans Histoire du Fou ne tarde pas à résister les forces d’ordre qui veulent piétiner son droit. Aussi, dans Le Roi Miraculé le chef, Essomba Mendouga, est aussi fort pour avoir plusieurs femmes (vingt trois). Bien qu’il soit malade, il résiste vaillamment à la mort que tout le monde croyait certaine et inévitable. Par la convergence faite, nous voyons que Beti par son choix des personnages variés, essaie dans tous les romans étudiés, de montrer son idéologie et puis solliciter une prise de conscience qui emmènera le changement positif dans la société.
Ce qui nous intéresse aussi est le fait que, aux dires d’Anozie (1970 : 270), chaque roman betien étudié se construit autours d’une société africaine où les jeunes partant de degré zéro’’ de l’expérience humaine, entreprennent l’apprentissage de la vie a travers un processus de voyage dont les différentes étapes sont autant des rites de passage dans le cadre de la formation pédagogique de cette jeunesse. Nous remarquons que les héros commencent comme des vrais débutants et se terminent en grands ‘’monsieurs C’est-à-dire, Beti tend d’employé les héros qui vont réussir dans la vie Par exemple ;
– Banda, pauvre orphelin finit par se déplacer en ville avec une femme a lui.
-Jean Marie Medza qui ne savait rien hors de la classe devient architecte de son futur. Il choisit sa femme s’installe en ville.
– Narcisse dans HF, un voyou occupent deux postes de responsabilité dans le régime. Il peut voyager faire la noce a l’étranger avec sa fiancée. Surtout il devient le père de quintuples dont le régime cherche à honorer.
– Mor Zambo, enfant errant .dans le pays d’Ekoundoum, dans RR i fait des grands exploits pour le pays d’ Ekoundoum
– Essola quitte le pays comme un tout jeune homme mais revient pour venger la mort de sa sœur.
C’est ainsi que Beti se sert des termes élogieux, héroïques et acceptables pour décrire des personnages opprimés dans ses romans. Par exemple, dans Mission Terminée l’auteur décrit Medza , en route pour chercher la femme Niam, se voit sur sa bicyclette comme Pizzaro , un combattant espagnol. (M T p 36) Beti fait la description de Mor Zambo comme un grand diable….Immense, les pieds plats, le torse trop long. … les hanches aussi étroite qu’il est imaginable… un athlétique ….espèce de baobab humain… avec le ventre ‘légèrement bombe comme un paysan qui absorbe habituellement une nourriture dure (p.41).
Cette description physique révèle en ces personnages, des êtres forts et révoltants, capables à initier une rectification révolutionnaire parce que généralement en Afrique très souvent, la structure physique peut déterminer la capacité d’un homme. Donc, une telle louange admirative donnée à ces personnages s’avère nécessaire pour contrarier l’image de l’infériorité que les oppresseurs ont crée des noirs. C’est aussi pour souligner le fait que, ceux-ci sont capables d’effectuer le changement positif désiré contre le Mal dans la société dans laquelle ils vivent.
La description d’Abena dans Remember Ruben nous vient à l’esprit aussi ‘’un soldat redoutable, un homme dont le courage était devenu légendaire dans tout les corps expéditionnaires…, . Un officier formidable’’ (RR p.332). Dans le même roman, Jo le Jongleur est décrit comme un homme de plein air, enragé de mouvements, de spectacles, de sensations fortes….(p 424) Les mots employés pour faire la description de ces personnages les rendre plus grands qu’ils ne le sont, et provoque la fierté chez ceux-ci. C’est ainsi dans les romans de l’ère après l‘indépendance.
Il faut noter aussi que Mongo Beti emploie des personnages qui lui ressemblent et jouent son vrai rôle dans tous les romans de choix soit ceux de l’ère coloniale, soit ceux de l’ère poste coloniale. Les héros sont de la classe basse comme lui-même et chercher d’améliorer leur sort. Par exemple. . Dans VC Banda est orphelin de son père comme lui’, poursuit ses études et puis se marie à une étrangère et s’installe hors de son village natale. De plus , Koume dans VC,’Zacharie, Marguerite , le chef d, Evidi dans LPCB, Medza,, Zabo dans MT, le, Kris ,Makrita, Maurice dans RM, sont des héros qui, comme lui, dégoûtent le mal dans toutes ramifications.
Dans les romans de l’ère poste coloniale l’on peut citer, Jo le Jongleur, Mor Zamba Abena, dans RR, Perpétue, Essola Zeyang, dans PP, Ngwame Eligui et les adolescentes dans LRPC , Narcisse, le patriarche, l’avocat dans HF. Ces personnages sont tous prêts à lutter contre les maux de la société.
Choix du thème de ‘Voyage’.
Nous remarquons avec intérêt le choix du thème de voyage par notre auteur comme technique pour réaliser son objectif dans les romans de choix. Le voyage ici implique le déplacement des personnages qui se rendent d’un lieu assez éloigné. Dans cette étude, il s’agit de ‘’Voyage initiatique’’ dans lequel le personnage, au cours de son aventure, subit de nouvelles expériences et fait des rentres qui augmenteront sa connaissance du monde. Beti emploie cette technique pour pouvoir mettre au fond dans ses romans, les maux qui envahissent la société africaine et exige la rectification. C’est grâce à cette technique de voyage entreprise par les personnages que Beti montrer les vices qui envahie la société.
Par exemple, dans Ville Cruelle, Banda et les femmes de Bamila ne savaient pas l’habitude corrompu des contrôleurs de cacao de Fort Negre. C’est grâce a leur déplacement pour vendre leur produit que Banda en particulier se rend compte de ce qui se passe a Tanga. Il découvre, que les contrôleurs ne sont pas honnêtes. Sa révolte contre l’activité du contrôleur est un indicateur même au colonisateur, que les africains ne sont pas bêtes mais des gens aussi intelligents C’est aussi par cette technique qu’il affirme que la lutte peut servir comme moyen efficace de rectification du mal dans la société.
Dans les dires d’Anozie, 1970 :204) le voyage n’est pas seulement une expression de liberté mais aussi un signe d’antagonisme, entre les générations. Cela s’affirme dans MT dans lequel Medza au cours de son voyage a Kala, remarque que son comportement jusqu’à là est toujours , vers la mentalité de son père ( le respecte et l’ obéissance absolue au règles de l’ancienne génération)
Dans Le Pauvre Christ de Bomba, Kris , l’un des personnages bénéficie de la tournée avec le missionnaire pour témoigner l’hypocrisie du blanc. Mission Terminée est un autre roman avec l’indice de voyage initiatique. Medza au commencement du voyage à Kala rêve d’un avenir merveilleuse voila pourquoi il est content et déclare :
Le lendemain, au petit matin, j’enfourchai ma monture qui était splendide ;une Raleigh aristocractic bicycle(sic) Je l’éperonnai aussi vigoureusement que peut le faire un conquistadore… elle galopait à une allure folle . … la chaîne s’égrenant comme un chapelet…évoquait pour moi le cheval de Pizzaro ..(MT p 36)
Heureusement, le héros Medza gagne la connaissance qui lui fera ‘’un homme’’ grâce à son voyage à Kala.
Dans Le Roi Miraculé le déplacement des femmes répudiées et la conséquente réaction de leurs parents avaient renversé l’idéologie du missionnaire à l’égard de la polygamie dans le pays., Dans les romans de l’ère post- coloniale que nous étudions , l’on remarque l’indice de l’aventure entreprise par des personnages comme, Abena, dans RR, Essola, dans PP, Medza et Jo le Jongleur dans LRPC,, et Narcisse, dans HF , visant à effectuer une rectification dans la société Mor Zamba
Par cette technique artistique, nous soutenons avec admiration, que Mongo Beti est l’un des plus grands écrivains et romanciers de la francophonie qui souscrit à la rectification du mal par la lutte.
Conclusion
Dans ce travail nous avons étudié huit romans écrits par Beti. Ces romans betiens nous permettent de mieux comprendre le rôle de Mongo Beti comme romancier réputé non seulement par la présentation des événements et des personnages mais aussi par son art d’écrire et par la façon dans laquelle, il met au jour l’histoire et la réalité sociale de la société africaine surtout le sien, le Cameroun.
Nous remarquons que, les phénomènes de la société camerounaise qui consiste des maux comme, violation de droit de l’homme et les valeurs culturels, , l’hypocrisie, l’exploitation socio économique, la corruption, l’injustice, mauvaise gestion des affaires publiques, montré dans les romans, ressemblent bien à ceux de la plupart des pays africains contemporaines et empêchent le développement. Pour souligner l’aspect de l’idéologie de Beti qui jusqu’ici n’est pas tant révélé pas des critiques, nous avons montré comment Mongo Beti, essaie de corriger les maux dans son univers romanesque. Il s’agit pour lui, d’adapter la lutte, soit individuelle ou en groupe, voilent ou non voilent, verbale ou non verbale, comme moyen efficace d’effectuer le changement positif contre le Mal de son pays natal le Cameroun et de celui de la société africaine en général.
Nous voyons alors que, chez Beti, le moyen le plus efficace d’effectuer une rectification du Mal de la société est par une lutte ardente. Cela s’affirme chez Beti a traverse les romans de choix des deux époques que nous étudions, Par son art d’écrire y inclues le choix des personnages et des thèmes dans lesquels il fait preuve d’une maîtrise de la langue et une parfaite assimilation de l’esthétique et montre que chez lui, l’écriture est un moyen de transmettre la connaissance.
Nous soutenons alors la thèse que la rectification du mal dans la société contemporaine est bien possible, et cela, peut être par la stratégie betienne – la lutte.
Après cette étude sur Mongo Beti et sur ses romans de choix, nous soutenons aussi que, la littérature comme une propriété universelle répond aux besoins de l’homme dans la société. Elle sert comme modéliste selon Obinaju (2008), et occupe une place stratégique dans la société. Elle fournit à l’homme, une éducation qui le fera bien informé et cultivé pour pouvoir contribuer au développement de son pays. Beti de sa part, comme romancier qui dénonce tout forme du mal et s’engage à la rectification du mal joue un rôle stratégique dans ce processus de développement de la société surtout, la sienne, le Cameroun, ainsi il passe vite pour un romancier réputé de l’Afrique francophone.
Pour que la paix sociale triomphe, pour que les hommes puissent s’épanouir et participer à la mutation sociale, il faut une ambiance sociale agréable et des rapports sociaux positifs entre les différentes classes sociales, entre les plus forts et les plus faibles. L’ambiance sociale demande le comportement positif et une reconnaissance mutuelle d’une façon dans laquelle chacun être fier. L’estime de soi et des autres créent et développent des liens contre la marginalisation et l’exploitation. La bienveillance, le dialogue et la confiance contribuent bien au sentiment d’appartenance et cela amènera la paix et le développement. Il faut donc combattre la politique de marginalisation et l’exploitation. Il faut dire ‘’Non !’’ à l’injustice, à la corruption et à tous autres maux qui empêchent le bien être de la masse, il est possible de prendre la stratégie betien ; lutter pour la rectification du mal. Ainsi fait, le monde sera une meilleure habitation pour tous.
Ouvrages Consultés
- Achebe Chinua, Things Fall Apart, London : Heinemann,1958
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